Vendre maintenant ou attendre ?

Les crises se suivent et ne se ressemblent pas. Après chacune de ces épreuves, le dirigeant et actionnaire d’une PME française est en droit de s’interroger sur son rôle et son avenir au sein de sa société.

Sentiment d’approcher le plafond de verre, peur des changements à venir sur son marché ou simple manque de motivation … Les raisons sont multiples pour penser à transmettre.

Il est alors en droit de s’interroger pour savoir s’il est l’heure ou si ce projet ne vient pas trop tôt … Le fruit de la vente lui permettra-t-il de rebondir par la suite, de financer une nouvelle activité et de prendre le temps d’une reconversion ?

Face à ces questions, Victor-Emmanuel MINOT du cabinet MINOT & Associés, 40 opérations de cession d’entreprises à son actif, présente l’état du marché.

« Premier constat, l’appétit des acquéreurs semble constant. »

La période COVID-19 ne semble pas affecter le moral des acheteurs. Les chefs d’entreprises de PME ont toujours des projets de développement et de croissances externes. Autre catégorie d’acheteur, les anciens cadres salariés, désireux de se reconvertir, marquent même une plus grande motivation qu’habituellement à la recherche de cibles nouvelles. Seules les ETI et les Grandes Entreprises restent prudentes vis-à-vis des PME françaises notamment, processus qu’elles avaient déjà engagé depuis quelques années avec un développement majoritairement tourné vers l’étranger.

Quant aux gestionnaires de fonds, pressés par leurs souscripteurs aux poches toujours bien remplies (#40 Md€ levés en 2020), ils se pressent toujours autant pour investir au capital des belles PME françaises.

Selon Victor-Emmanuel MINOT, « L’appétit reste fort pour une moyenne de 30 marques d’intérêts par dossier sur les 7 entreprises mises sur le marché depuis mai 2020 chez MINOT & Associés. C’est la statistique moyenne des 10 dernières années. »

Les banques ne semblent pas moins prêteuses que par le passé contrairement à une croyance qui semble se répandre. Elles sont néanmoins plus vigilantes sur la qualité des acquéreurs et de leur projet. Cela se traduit bien souvent par des délais d’analyses plus longs que la normale. Les taux restent très attractifs et la BPI poursuit malgré tout son rôle de garant et de coprêteur. Seuls quelques établissements ont mis en suspens l’étude de dossiers de transmission.

« Les valorisations ne semblent pas subir de fortes décotes »

Enfin, les valorisations d’une grande majorité de PME ne semblent pas subir de fortes décotes pour les raisons suivantes : les comptes de résultat 2020 qui commencent à paraître montrent une bonne résilience de la marge d’exploitation. Si les CA sont dégradés, les charges fixes ont fondu et le chômage partiel a permis des économies. Les bilans, quant à eux, sont en général très bons, les reports de charges, la faiblesse des investissements et les Prêts Garantis par l’État (PGE) ont créé des accumulations de trésorerie jamais connues pour certaines entreprises. Il est donc fort à parier que quelques sociétés sortent renforcées de cette période.

Pour Victor-Emmanuel MINOT : « Si une décote est appliquée aux multiples de rendement de la valeur d’entreprise, la dette nette est moins forte qu’habituellement et cela se traduit par des valeurs de titres souvent bien meilleures à la grande surprise de nos clients vendeurs … »

En conclusion, l’appétit reste constant, les prêteurs jouent leur rôle et les quelques décotes de valorisation de l’année 2020 sont compensées par un meilleur équilibre des bilans. Le marché des cessions de PME ne devrait pas connaître de crise en 2021.

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